Il est des noms qui traversent les générations comme des piliers silencieux de l’État. Martin Mbarga Nguélé, né le 1er juillet 1932, est de ceux-là. Surnommé par certains « le vieux lion de l’administration », il est à la fois haut fonctionnaire, chef de la police camerounaise, et conseiller spécial à la présidence de la République du Cameroun. À plus de 90 ans, il incarne l’autorité tranquille, la fidélité à la République, et une résilience politique rare sur le continent africain.
Mais qui est vraiment cet homme dont les policiers chantent encore le nom avec respect et admiration ? D’où vient-il ? Que cache ce visage de marbre que l’on voit souvent à la télévision lors des prises d’armes ou des cérémonies officielles ? Pourquoi son nom rime-t-il avec discipline, rigueur et longévité ?
Plongeons dans l’univers de cet homme d’État discret mais incontournable, en retraçant son parcours depuis les origines jusqu’à son influence actuelle.
Une jeunesse au goût de silence
Les origines effacées d’un futur homme fort
Né en 1932, à une époque où le Cameroun vivait encore sous administration coloniale française, Martin Mbarga Nguélé grandit dans un monde en transition. Peu d’informations filtrent sur son enfance — comme si cette partie de sa vie avait été volontairement couverte d’un voile de silence. Certains diront que c’est la preuve d’une humilité profonde ; d’autres y verront un signe d’une époque où la gloire se construisait par les actes, non par les récits.
Ce que l’on peut affirmer, c’est que son environnement d’enfance fut imprégné par les valeurs traditionnelles camerounaises : le respect de l’autorité, la parole donnée, la force du collectif et la foi en la communauté.
Une éducation sous le sceau de la rigueur
Le jeune Martin aurait grandi dans une famille stricte, exigeante, où le sens du devoir et l’amour de la patrie étaient inculqués dès le plus jeune âge. L’école coloniale, bien qu’imparfaite, formait les futurs administrateurs avec une pédagogie autoritaire mais structurante. Il s’y distingue par son sérieux, sa discrétion et sa capacité d’adaptation.
Le Cameroun colonial était alors en pleine mutation : le vent de l’indépendance commençait à souffler sur les collines, et de jeunes hommes comme Mbarga Nguélé observaient, apprenaient, se préparaient.
🌐 De la diplomatie à l’autorité intérieure
Le Cameroun post-indépendance : une terre de défis
Lorsque le Cameroun obtient son indépendance en 1960, une nouvelle génération de fonctionnaires voit le jour. Ces hommes sont appelés à bâtir une administration solide, digne d’un État souverain. Parmi eux, Martin Mbarga Nguélé gravit rapidement les échelons. Son sérieux, sa loyauté et sa discrétion séduisent l’entourage présidentiel.
Ambassadeur en Espagne : le visage de l’État à l’étranger
Dans les années 1980, il est nommé ambassadeur du Cameroun en Espagne. Cette mission diplomatique, qu’il occupera pendant plusieurs années, est l’occasion pour lui de représenter le Cameroun dans une Europe en pleine reconstruction post-franquiste. Il y apprend les subtilités du protocole, affine son sens de la négociation, tisse des réseaux et devient un visage respecté du Cameroun à l’étranger.
En Espagne, il ne se contente pas de représenter : il défend, il explique, il renforce les liens bilatéraux. Il gagne en notoriété et en crédibilité. On parle de lui comme d’un homme calme, mesuré, mais redoutablement stratégique.
Dix ans plus tard : retour à Yaoundé
Après un long passage dans les couloirs diplomatiques, il revient au Cameroun. Son destin bascule : il est nommé Délégué Général à la Sûreté Nationale (DGSN). Ce poste, équivalent au ministre de la police, place entre ses mains l’avenir de l’ordre public, de la sécurité nationale et de la régulation administrative de millions de Camerounais.
🚔 DGSN — Quand la rigueur devient un ministère
L’homme de fer à la tête de la police nationale
Être nommé chef de la police nationale dans un pays aussi complexe que le Cameroun est un défi colossal. Martin Mbarga Nguélé le relève avec un style unique : discret mais strict, silencieux mais percutant.
Il introduit de nouveaux protocoles de commandement, renforce la formation des agents, engage une lutte interne contre la corruption, impose la discipline dans les commissariats et veille personnellement à la moralisation des effectifs.
Réformes profondes : sécurité, procédure et exemplarité
Son passage à la DGSN est marqué par de nombreuses réformes :
- Mise en place de procédures administratives rigoureuses ;
- Création de brigades spécialisées dans la cybercriminalité, la sécurité urbaine, et les délits économiques ;
- Renforcement des écoles de police avec des modules sur l’éthique, les droits humains et le droit international.
L’objectif de Mbarga Nguélé est clair : faire de la police camerounaise une institution moderne, exemplaire et respectée.
🧾 L’identité nationale au cœur de son combat
Numérisation des documents : une révolution silencieuse
Sous son commandement, le Cameroun franchit une étape historique : la numérisation des actes de naissance, des cartes nationales d’identité et des passeports.
Ces documents deviennent plus sûrs, plus rapides à produire, et plus difficiles à falsifier. Grâce à lui, des millions de Camerounais accèdent à une identité légale, ouvrant ainsi les portes à l’école, à l’emploi, aux voyages et au droit de vote.
Une politique d’inclusion nationale
Pour Martin Mbarga Nguélé, l’identité est une arme contre la marginalisation. Il lance des campagnes spéciales pour enrôler les populations rurales, les personnes âgées, les enfants sans actes de naissance. Il veut que chaque Camerounais ait un nom, une trace, une reconnaissance.
🎖️ Le leadership silencieux, mais implacable
Une autorité respectée… et redoutée

Martin Mbarga Nguélé n’élève jamais la voix. Il ne s’agite pas. Mais lorsqu’il entre dans une salle, le silence s’impose de lui-même. Sa posture droite, son regard ferme, son ton lent mais tranchant suffisent à transmettre le message : ici règne la discipline.
Ce style de leadership tranche avec celui de nombreux hauts fonctionnaires africains, souvent en quête de visibilité médiatique. Lui préfère l’efficacité dans l’ombre. Il n’a jamais eu besoin de scandales ou de coups d’éclat pour exister. Sa longévité parle pour lui.
L’homme des rapports confidentiels
Selon plusieurs sources internes, Mbarga Nguélé est un maître de l’information stratégique. Il lit tout, il suit tout, il note tout. Il connaît les failles, les faiblesses, les talents cachés. Il a toujours un pas d’avance. On dit de lui qu’il envoie chaque jour un rapport confidentiel au président de la République, Paul Biya, qui le lit personnellement.
Sa capacité d’analyse fait de lui un acteur de premier plan dans les grandes décisions sécuritaires du pays : insécurité urbaine, lutte contre le terrorisme, trafic de faux documents, cybercriminalité… rien n’échappe à sa surveillance.
Un homme de confiance pour Paul Biya
Une relation bâtie sur la loyauté
Le lien entre Martin Mbarga Nguélé et Paul Biya dépasse les simples rapports hiérarchiques. C’est une relation de confiance mutuelle, bâtie sur la loyauté, la discrétion et l’efficacité. Le président Biya, connu pour son attachement à la stabilité et au contrôle, a trouvé en lui un homme de terrain fiable, loyal jusqu’au bout.
Plusieurs gouvernements, ministres et secrétaires généraux sont passés, mais lui est resté. Sa capacité à ne jamais trahir le secret d’État, à nourrir les réformes sans les revendiquer, l’a maintenu au sommet.
L’équilibre entre sécurité et stabilité
Dans un pays où les tensions politiques et sociales sont récurrentes, maintenir l’ordre est une tâche délicate. Mbarga Nguélé a toujours su éviter l’usage excessif de la force, préférant les dispositifs d’anticipation, les réseaux de renseignement, et la pédagogie dans les interventions policières.
Sous sa direction, la police est devenue un outil de gestion des crises, sans basculer dans la brutalité aveugle. C’est cet équilibre qui lui vaut le respect des institutions.
Les chants de la loyauté – Quand la police chante son nom
Une figure héroïque pour les forces de l’ordre
Dans les rangs de la police camerounaise, Martin Mbarga Nguélé est un mythe vivant. Il est vénéré non seulement pour son autorité, mais surtout pour sa capacité à protéger ses hommes, à améliorer leurs conditions, et à revaloriser l’image de leur métier.
Lors des cérémonies officielles, des défilés ou des retraites aux flambeaux, on entend régulièrement des chants composés en son honneur. Ces chants, portés par la voix de jeunes recrues ou d’anciens brigadiers, sont devenus une tradition.
Extraits de chants en son honneur
« Sous le regard de Mbarga Nguélé,
La justice marche sans peur,
La police veille nuit et jour,
Pour le peuple et l’État ! »
Et un autre, entonné lors des promotions en école de police :
« Fidèle au drapeau, au devoir, au Chef,
Mbarga Nguélé, chef de nos chefs,
Tu es la voix de la rigueur et de l’honneur,
Ton nom, nous le chantons avec ferveur. »
Ces hymnes, transmis de génération en génération, témoignent d’un fait rare : le respect populaire au sein d’un corps armé pour un supérieur hiérarchique. Cela n’a rien d’artificiel. C’est une reconnaissance sincère, vivante, ancrée.
L’homme et l’institution – Une fusion durable
Une fusion entre l’homme et la fonction
On dit souvent que Martin Mbarga Nguélé est la DGSN incarnée. Il est si profondément identifié à cette institution qu’il est difficile d’imaginer l’un sans l’autre. Pour les Camerounais, DGSN = Mbarga Nguélé.
Il a construit un système fondé sur la hiérarchie, l’ordre, l’efficacité. Son passage n’est pas celui d’un dirigeant temporaire, mais celui d’un fondateur de doctrine policière nationale. Il ne gère pas seulement : il bâtit, il structure, il pérennise.
Une culture policière née de sa vision
Sous son autorité, la police a cessé d’être un simple outil de répression pour devenir une culture professionnelle à part entière. Les écoles de police, les centres de formation, les rites de passage, les codes de conduite : tout a été influencé par sa vision.
Il a su imposer la figure du policier moderne, bien formé, respectueux de la population, conscient de sa mission républicaine.
L’héritage d’un patriote
Une trace dans l’histoire nationale
Martin Mbarga Nguélé fait partie des rares Camerounais à avoir marqué l’histoire de leur pays sans jamais être élu, ni être chef d’un parti. Il prouve que le service public, lorsqu’il est sincère et constant, suffit à forger une légende.
Ses réformes structurelles, sa vision de la police, sa contribution à la citoyenneté numérique, son rapport à la discipline… tout cela constitue un héritage profond.
Une école de pensée administrative
Au-delà de ses fonctions, il laisse derrière lui une école de pensée camerounaise : celle du fonctionnaire intègre, loyal et efficace. Une voie à suivre pour les jeunes générations, qui parfois peinent à croire encore au sens du service public.
Plusieurs cadres de l’administration camerounaise reconnaissent avoir été influencés par son style, ses décisions, sa manière d’organiser, de trancher, de gouverner dans le silence.
Et après lui ? La question de la succession
Un vide institutionnel à venir ?
Avec l’âge de Martin Mbarga Nguélé — plus de 90 ans — la question de sa succession se pose avec gravité. Qui pourra maintenir cette autorité ? Qui aura ce mélange de rigueur, de loyauté et de connaissance du système ?
Son départ laissera sans doute un vide administratif, sécuritaire et symbolique. La fonction de DGSN, aussi stratégique qu’elle soit, est difficilement transférable tant il l’a façonnée à son image.
Un modèle durable malgré tout
Mais ce vide ne sera pas chaos. Car il a laissé des cadres bien formés, des institutions solides, une doctrine claire. Sa longévité aura permis de transmettre un héritage durable. Même sans lui, la structure peut survivre.
Ceux qui viendront après ne porteront peut-être pas son nom, mais s’ils suivent ses traces, ils porteront son esprit.
✨ Martin Mbarga Nguélé – le gardien de la République
Le Cameroun a connu de nombreux fonctionnaires. Mais rares sont ceux qui auront servi avec autant de constance, de rigueur, de fidélité que Martin Mbarga Nguélé. De ses débuts dans l’ombre coloniale à son poste stratégique à la DGSN, de la diplomatie à la sécurité nationale, il a été le visage stable d’un État en mutation.
Policiers, citoyens, chefs d’État, jeunes recrues… tous s’accordent sur un point : il a servi son pays avec honneur.
Et tant que les chants continueront de résonner dans les écoles de police, tant que la carte nationale d’identité camerounaise portera la trace de sa réforme, tant que le nom de la rigueur sera prononcé dans les couloirs administratifs, Martin Mbarga Nguélé ne sera jamais vraiment parti.